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Recensement national : Entre données objectives et démocratie participative

 

Un processus d’envergure qui devra fournir à l’Etat un gisement d’informations précieuses sur la population tunisienne, sur le découpage géographique, ainsi que sur les caractéristiques démographiques, sociales et économiques de l’ensemble de la population.

La Tunisie s’apprête à lancer un nouveau recensement général de la population et de l’habitat. Le top départ sera donné le 6 novembre prochain. A la manœuvre, l’Institut national de la statistique (INS), sous la houlette de la Présidence du gouvernement.

Cette dernière opération statistique nationale se présente sous un jour particulier et avec des chiffres inédits. C’est le 13e recensement dans l’histoire moderne du pays, le 1er numérique, et ce serait le dernier à utiliser la méthode de collecte de données en face à face.

Le ministre de l’Économie et de la Planification, Samir Abdelhafidh, avait organisé, à l’occasion, une conférence de presse, mercredi 16 octobre, pour présenter les contours du prochain recensement et ses dates marquantes. Ainsi, le dénombrement effectif prendra fin le 31 décembre 2024. Les résultats préliminaires devront être publiés en février 2025, et ceux détaillés seront dévoilés beaucoup plus tard, vers le 20 septembre 2025. 

Un processus d’envergure qui devra fournir à l’Etat un gisement d’informations précieuses sur la population nationale, sur le découpage géographique, ainsi que sur les caractéristiques démographiques, sociales et économiques de l’ensemble de la population.

Les données récoltées à l’échelle nationale et locale permettront, si exploitées à bon escient, d’élaborer les stratégies futures et des politiques adaptées en faveur des différentes catégories de la population. Des infrastructures scolaires à mettre en place dans telle ou telle région, aux équipements de transport, culturels et sportifs, en passant par les établissements médicaux.

Ces renseignements stratégiques que seul l’Etat détient peuvent être révélés en partie à différents partenaires, à l’instar des acteurs privés souhaitant implanter leurs entreprises dans des régions adaptées à leur type d’activités.

Aspects sécuritaires

Les Tunisiens, principaux partenaires de l’opération, ont été donc invités à coopérer avec les équipes mobiles, à bien les accueillir et surtout à livrer les informations les concernant en toute transparence. Comme l’âge, les professions exercées, le nombre d’enfants, la taille et le type de logement d’habitation, la situation patrimoniale. Pas moins de 11 mille agents de comptage et techniciens ont été mobilisés pour mener à bien ce dénombrement national.

Seulement voilà, cette opération qui se présente comme positive à tous points de vue invoque différents niveaux, du sécuritaire au culturel, en passant par les mœurs locales.

Accompagnée, comme il se doit, d’une campagne médiatique soutenue, en vue d’informer les citoyens du lancement imminent de l’opération, l’aspect sécuritaire se pose d’ores et déjà avec acuité. Le risque est de voir les identités des agents recenseurs usurpées par des individus malintentionnés. La question se pose, notamment si des personnes âgées ou des enfants sont seuls à la maison, au moment du passage des agents. Auquel cas, il serait utile de penser à fournir un numéro de téléphone pour fixer un rendez-vous avec les recenseurs, afin qu’ils reviennent lorsque ces personnes vulnérables ne sont pas seules.

La récolte de données doit s’accomplir en toute sécurité. De faux enquêteurs voudraient probablement profiter de cette aubaine pour tenter de s’introduire par effraction dans les domiciles. Les marques distinctives des agents de l’INS, comme le port du badge ou la tablette, sont des obstacles minimes qu’il est facile de contourner.

Une autre approche de la démocratie de proximité

Ce recensement invoque également un autre aspect d’ordre culturel cette fois-ci. L’anecdote raconte que les familles dans certains milieux divisent par deux le nombre de leur progéniture, refusant de donner le chiffre exact de leurs enfants. Taiseux par nature, peur du mauvais œil, ou bien de l’Etat pour avoir retiré les enfants de l’école avant l’âge réglementaire, les raisons sont multiples. Et si l’information exacte n’est pas révélée, s’ensuivront inévitablement des cascades d’erreurs. Les agents recenseurs, bien formés pour la mission, devront adapter leurs techniques d’approche à chaque milieu afin de rassurer la population cible en lui expliquant, entre autres, les raisons exactes de l’opération.

Ce dénombrement porte sur la population, mais également sur l’habitat.

Taille et type de logement de la famille, location ou bien propre, liste du patrimoine. Là encore, les réponses données peuvent être tout à fait erronées, par peur non pas du mauvais œil, mais bien de l’Etat, précisément de son administration fiscale. Là encore, une relation de confiance doit être instaurée entre les enquêteurs et les participants, afin de pouvoir recueillir des données justes et fiables. Les informations erronées, a contrario, mènent tout droit aux mauvaises conclusions.

La participation des Tunisiens à cette opération leur permettra d’être au cœur de la politique de l’Etat.

Cette adhésion volontaire fera d’eux, de facto, les associés d’une démocratie participative et de proximité. C’est à l’Etat ensuite d’élaborer, à la lumière des données récoltées et de leur interprétation par les experts, les principales recommandations à mettre en place pour une gestion efficace des priorités et l’élaboration des politiques publiques.

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